Constructions discursives d’espaces dans l’écriture et la lecture des chroniques

Bigot, Violaine et Nadja Maillard-De La Corte Gomez, 2023 « Constructions discursives d’espaces dans l’écriture et la lecture des chroniques : entre cité multilingue et francophonie internationale », Nouveaux cahiers de Marge [En ligne], 7 | 2023, URL : https://publications-prairial.fr/marge/index.php?id=753

Cet article, publié en ligne dans les Nouveaux Cahiers de Marge développe et approfondit les recherches que nous avons présentées dans le cadre du colloque Cartographie du Web littéraire francophone (en janvier 2020), intitulée « Écriture et lecture de chroniques sur le web francophone : dynamiques de  parcellisation, remembrement ».

Une captation de cette communication est accessible sur le site du colloque.

Nous présentons infra trois des cartes proposées dans cet article : elles témoignent du « regard géographique » (Ost dir., 2018, p.297) que nous avons adopté, regard qui nous a permis de (ré)interroger les rapports aux espaces francophones construits dans les chroniques.

Les chroniques sont des récits à la première personne auto-publiés dans des espaces numériques (skyblog, Facebook, Wattpad…) permettant une interaction directe avec les lectrices. Dans leur diversité, ces récits produits, lus et commentés par des autrices et lectrices issues pour la plupart des migrations postcoloniales constituent un genre littéraire à part entière. Nous y avons étudié la place qu’y occupe les pratiques plurilingues et les discours qui circulent sur les langues, les variétés de langue et la norme. Nous avons également montré en quoi les récits eux-mêmes et les échanges qu’ils suscitent dans les communautés (parfois très larges) qu’ils fédèrent sont de formidables espaces de socialisation et de développement des compétences d’écriture et de lecture, par des échanges entre pairs. Enfin nous avons construit une approche cartographique des récits et de la communauté de lectrices qu’ils fédèrent pour montrer comment ces textes, dont l’épicentre est ancré discursivement dans les cités, contribuent à la construction d’un espace francophone numérique international à rebrousse-poil de l’image de « ghetto » à laquelle les zones péri-urbaines sont parfois réduites. 

Carte 1 : Lieux et trajectoires de Yacout dans sa chronique Welcome Paname

Carte 2 : Ancrages territoriaux d’une chroniqueuse

L’autrice de Z & H s’est donné comme pseudo sur Wattpad : yourgurl.@Senegalesegyal. Outre le choix du terme « gyal », emprunté à l’anglais des communautés caribéennes des États-Unis, on relève, si on consulte son profil, au moins trois lieux. À la rubrique localisation du profil, reconnaissable par le pictogramme de la punaise utilisé habituellement comme logo de localisation, la chroniqueuse a indiqué « Paname ». Dans les informations libres que l’on peut donner sur le profil, le Sénégal est à la fois nommé et évoqué par le code téléphonique 221 comme c’est l’usage sur internet, chez les jeunes issus de la migration africaine. Le Mali est seulement évoqué par le code téléphonique 223.

Carte 3 : Ancrages territoriaux des lectrices de deux chroniques

Les 275 points d’ancrage territorial recensés avec cette méthode se répartissent sur 29 pays. La carte met en valeur la forte concentration de ces points sur 3 pays : la France, où se situent l’essentiel des deux récits (75 lectrices), l’Algérie (61 lectrices), le Maroc (43 lectrices) et le Sénégal (25 lectrices). Les pays qui viennent ensuite sont les deux Congo (11 en tout), la Belgique (6) et le Mali (5).

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